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Andréane Leclerc

Biographie

Performeure, chorégraphe et pédagogue, Andréane Leclerc s’intéresse aux rencontres humaines qui la guident vers des processus inter/transdisciplinaires et interartistiques. Contorsionniste de formation (École nationale de cirque de Montréal, 2001), elle s’inspire aujourd’hui de ses 20 ans de pratique en cirque pour réfléchir la contorsion comme posture philosophique et développer son langage scénique. Son approche centrée sur l’écoute, l’écologie relationnelle et l’attention perceptive s’inscrit au cœur des nouvelles pratiques corporelles issues du champ de la somatique et de la performance.

En 2013, elle complète une maîtrise portant sur la dramaturgie du corps de cirque à l’Écolesupérieure de théâtre de l’UQAM. La même année, elle cofonde la compagnie Nadère arts vivants (NAV) afin de poursuivre sa recherche d’un corps-matière évoluant dans la sensation plutôt que dans le sensationnalisme. Elle crée les pièces conceptuelles Di(x)parue 2009; Bath House 2013; Mange-Moi 2013; Cherepaka 2014; The Whore of Babylon Featuring The Tiger Lillies 2015; Sang Bleu 2018; À l’Est de Nod 2022, et Xx en cours de création (2026). Ses pièces ont été présentées à Tokyo, Florence, Le Caire, Tenerife, Sao Paolo, Guadalajara, Chicago, Rouyn-Noranda et Montréal, autant sur les scènes contemporaines, qu'en musée et en galerie.

Parallèlement à son parcours artistique, Andréane Leclerc est pédagogue et offre des classes de contorsion aux artistes physiques depuis 2015. Elle développe aussi des ateliers de dramaturgies interdisciplinaires destinés aux artistes de cirque, de danse, de théâtre et de la performance (Studio 303, En Piste, Playwrights workshop MontrealMontréal, La Gata Cirko à Bogota, La Grainerie à Toulouse, Fabbrica Europa à Florence). Elle a participé en 2017 à la mise sur pied de Cirque OFF, un manifeste vivant pour la biodiversité des arts du cirque à Montréal (Studio 303). Elle agit aussi à l'occasion comme conseillère à la dramaturgie et au mouvement (Dialogue of Disobedience & Black light, white noise de et avec Dana Dugan, 2018 & 2022) en plus d’êtreinterprète pour divers projets internationaux (Variations pour une déchéance annoncée de Angela Konrad, 2012 ; The Tiger Lillies Perform Hamlet depuis 2016). En 2022, elle fait partie de la cohorte en leadership de l’École nationale de théâtre du Canada. Elle assume aujourd’hui le rôle de directrice artistique et générale de Nadère arts vivants.

Démarche artistique

Dès mes 15 ans, j’ai travaillé dans différents cirques dans le monde. J’ai eu une vie nomade et j’exécutais des numéros de contorsion au ras du sol. Mon corps a été un objet de divertissement, un produit de consommation et de fantasme sexuel. J’ai eu besoin de chercher une manière de sortir du contrôle que le système de divertissement a eu sur moi, sur mon corps. En 2008, je débute des études supérieures au département de théâtre de l’UQAM, tout en me formant parallèlement en danse contemporaine et en performance de façon autodidacte. Je m’intéresse à la déconstruction du langage spectaculaire pour faire du corps un matériau propice à une écriture scénique sensible et je m’interroge sur le concept de limite comme structure. Je développe aujourd’hui une pratique somatique à partir de la contorsion qui constitue le fondement de mes écritures scéniques.

La contorsion est une technique corporelle accessible qui opère selon des lois liées au phénomène d’amplitude. Elle aiguise l’hyper-conscience des sensations corporelles et active un dialogue sensible et intime entre le corps et soi à la (re)découverte des limites en tant qu’alliées. La contorsion est pour moi une posture d’écoute et de mise en relation où tout devient processus, mouvement, force de création et de régénérescence. Comment la contorsion informe les corps non contorsionnistes ? marque le point de départ d’une démarche artistique transdisciplinaire complexe qui ancre les expériences vécues, tant individuelles que collectives, au cœur des processus. La contorsion stimule l’éveil des sens, d’un sens, du sens, et permet d’accéder à la fois à des espaces hétérotopiques et à des territoires intérieurs composés d’histoires et de nouveaux narratifs. Émergeant des corps, je désire transmettre ces voix et ces imaginaires corporelles au public. Je développe au sein d’espaces et de temps de recherche et création, au Québec comme à l’international où je suis invitée, des partitions chorégraphiques qui aboutissent à des œuvres interdisciplinaires.

Intéressée par les écologies relationnelles, ces créations-recherches engagent les communautés artistiques locales et collaborent avec des artistes venant de toutes disciplines, générations, cultures, genres, pour donner vie à ces œuvres évolutives. Le but est de donner voix à ces corps et d’ouvrir sur des interprétations multiples aux œuvres performatives. Faire appel à des performeur.e.s locaux est un engagement écologique, un désir de créer des liens durables, et une valorisation de la réciprocité, la coopération et le localisme.